Rompre la solitude. Il n'y a pas de profil type de la solitude, mais elle existe. Hommes, femmes de tous âges, enfants, handicapés, mères isolées... Tout le monde est concerné par ce que François Fillon a qualifié de "mal social" frappant aujourd'hui plusieurs millions de personnes. Facteur de marginalisation et de pauvreté, la solitude est une atteinte directe "aux valeurs de solidarité qui fondent notre pacte social", a déploré François Fillon.
La solitude n'est pas un phénomène ignoré des Français. Selon un sondage TNS Sofres de mars 2010, commandé par la Société de Saint-Vincent-de-Paul, 91 % des Français estiment qu'un grand nombre de personnes sont touchées par la solitude. Un mal qui s'accroît : selon 78 % des Français, la solitude affecte davantage de personnes qu'en 1990. 48 % des Français estiment avoir souffert de la solitude. Parmi eux : 58 % sont âgés de 25 à 35 ans. Les situations de précarité sont évidemment propices à la solitude : 60 % des chômeurs en ont souffert.
La solitude, des solitudes. La Grande Cause nationale permettra de mettre en lumière les multiples facettes de la solitude et d’encourager les actions engagées contre ces souffrances au quotidien qui prospèrent trop souvent dans le silence et l’indifférence. Bruno Dardelet annonce dès janvier 2011 une campagne déclinée tous les mois autour d'un visage de la solitude (SDF, enfants, handicapés…) et d'une action (la visite à domicile, le soutien scolaire…). Des opérations de communication qui permettront de sensibiliser l'opinion publique à cette tragédie et de renforcer la fraternité pour une cohésion sociale plus forte. Une réelle opportunité pour les associations de se faire connaître auprès des personnes qui ont besoin d'aide et auprès de celles prêtes à donner de leur temps.
Michel Perroux, ancien photographe, retraité, fait partie du réseau des 17 000 bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Il intervient auprès de deux personnes à Vincennes pour leur apporter "une charité de
"Une des personnes que je visite est une femme de 91 ans. Au début, il y a cinq ans, j'allais chez elle. Depuis, elle est en institution, car elle souffre de polyarthrite et ne peut plus se déplacer seule. Elle est en chaise roulante. Une femme d'une grande humanité qui a perdu son mari en juin 1944. Elle n'a pas eu d'enfant et ne reçoit pas de visite de sa famille, sauf de quelques amis. Elle parle de moins en moins, mais le contact reste intact : je lui parle, lui lis des livres, je m'occupe d'elle pour nourrir cette relation de proximité que nous voulons prodiguer aux gens pour qu'ils se sentent exister aux yeux de quelqu'un. Vous savez - je reprends une citation de Mère Teresa - "la plus grande des pauvretés, c'est de n'exister pour personne". Et la solitude, c'est la plus grande des pauvretés. Un regard, un sourire, une discussion, une écoute… Cela semble être "rien", pourtant c'est beaucoup. Finalement, c'est de l'amour que nous donnons. C'est fondamental."
Une relation personnalisée se tisse dans la durée : "la personne dont je m'occupe est une ancienne pianiste amateur qui est nourrie de musique classique. Alors, à chaque visite, je lui passe des disques de Bach, de Beethoven, du piano. A ce moment-là, la vie jaillit de ses yeux... C'est une relation privilégiée que nous mettons en place dès lors que nous connaissons mieux les personnes. Des liens d'amitié qui durent jusqu'à la fin. On reste jusqu'au bout, jusqu'à ce que la personne s'en aille…", témoigne Michel Perroux.