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Le blog de David Debruyne

Les acteur de l'appel du 18 juin 1940

Charles de Gaulle

 

 "A quarappel-18-juin-de-gaulle-microante-neuf ans, j'entrais dans l'aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries"

Charles de Gaulle, général de brigade à titre temporaire

"La première chose à faire était de hisser les couleurs. La radio s'offrait pour cela. Dès l'après-midi du 17 juin, j'exposai mes intentions à M. Winston Churchill. Naufragé de la désolation sur les rivages de l'Angleterre, qu'aurais-je pu faire sans son concours ? Il me le donna tout de suite et mît, pour commencer, la BBC à ma disposition. Nous convînmes que je l'utiliserais lorsque le gouvernement Pétain aurait demandé l'armistice. Or, dans la soirée même, on apprit qu'il l'avait fait. Le lendemain, à 18 heures, je lus au micro le texte que l'on connaît. A mesure que s'envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j'avais mené dans le cadre d'une France solide et d'une indivisible armée. A quarante-neuf ans, j'entrais dans l'aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries."

 Mémoires de guerre,  Tome 1 - l'Appel, Plon, 1954

 

En mai 1943, le général de Gaulle se prépare à partir pour Alger. Le journaliste Jean Oberlé veut consigner pour l'Histoire le témoignage du Général sur les journées de juin 1940. Le Général accepte, une interview est réalisée, le texte en est relu et corrigé par le Général. Le texte doit être lu à la radio le 18 juin 1943. Il ne le sera pas. Le journaliste Jean Oberlé reproduit dans ses Mémoires ce texte inédit. Voilà ce que lui a dit le Général :

"Ma conduite du 18 juin 1940 est l'aboutissement, le prolongement de la politique qu'avait décidé de suivre le gouvernement Reynaud, dont je faisais partie. (…)
Le 17, je vois Churchill. Je l'informe que je reste. Il est décidé à tout. A une heure, nous apprenons la demande d'armistice. Pétain, l'après-midi, parle à la radio pour annoncer qu'il l'a sollicité " entre soldats ". (…)
Le matin du 18 juin, je rédige un message aux Français. Je le donne au général Spears pour le montrer à Churchill. A six heures, je vais à la BBC, et lance mon appel.
En lançant cet appel aux Français, j'espérais que beaucoup d'entre eux pourraient venir en Angleterre. J'espérais que de nombreux bateaux viendraient aussi. J'espérais que cet appel porterait sur l'esprit français. Le fait que j'étais membre du gouvernement jusqu'à l'arrivée de Pétain pouvait, selon moi, avoir une valeur politique. J'espérais pouvoir constituer, à Londres, un comité national avec des personnalités importantes. Entre le 18 et le 23, j'essayais de faire embarquer des troupes, de France pour l'Angleterre.
Je parlai encore le lendemain, puis le 22 et le 24, et le 26 pour répondre au maréchal Pétain. "

 Jean Oberlé vous parle, La Jeune Parque, 1945

 

 Winston Churchill termine le second volume de ses Mémoires. Il fait appel à la mémoire du général de Gaulle pour préciser ses propres souvenirs. Il cherche également la date de l'arrivée en Angleterre de celui-ci en compagnie du général Spears...
Voilà la réponse que le général de Gaulle lui fait le 3 novembre 1948

« Cher monsieur Churchill,

(...) C'est le 17 juin au matin que j'a quitté Bordeaux en compagnie du général Spears. Nous sommes arrivés à Londres au début de l'après-midi. L'avion qui nous y a amenés était celui-là même que vous m'aviez prêté le 16 au soir pour regagner Bordeaux, et qu'en prévision de ce qui allait suivre je vous avais demandé de laisser à ma disposition jusqu'au lendemain à midi. Le général Spears ayant appris par moi à Bordeaux, au cours de la nuit du 16 au 17, dans la propre chambre de Sir R. Campbell, votre ambassadeur, que je me proposais d'utiliser cet avion, a aussitôt décidé qu'il m'accompagnerait et donné les ordres à l'équipage. Nous sommes partis vers 9 heures en prenant quelques précautions mais sans dificultés. D'ailleurs, c'est ce matin-là seulement que M. Paul Reynaud a transféré ses pouvoirs au maréchal Pétain et, jusqu'à l'accomplissement de cette formalité, j'étais membre du gouvernement et ne courais guère de risque. C'est vous dire ce qu'ont d'exagéré certains récits romanesques concernant mon départ.
Je vous prie de croire, cher Monsieur Churchill, à mes sentiments les plus distingués et bien dévoués. »

 Lettres, notes et carnets : 8 mai 1945 - 18 juin 1951, Plon, 1984

 

Elisabeth de Miribel, secrétaire du Général

de-miribel-Elisabeth.png"J'ai l'obscur pressentiment de participer à un évènement exceptionnel"

Elisabeth de Miribel, a tapé l'Appel du général de Gaulle


"Dans l'après-midi du 17 juin 1940, le coup de téléphone que j'espérais secrètement m'a convoqué pour le lendemain matin à Seymour place, dans un petit appartement (…) dont Jean Laurent avait remis les clés au général de Gaulle.(…)
Je me suis retrouvée devant une machine à écrire, alors que je tapais fort mal, et devant des feuilles manuscrites très difficiles à déchiffrer. J'étais installée dans une chambre, à côté de la salle à manger. Le Général s'est absenté une partie de la matinée. Il est sorti pour déjeuner. Mon vrai travail a commencé vers trois heures. Je m'applique laborieusement à lire un texte finement écrit et surchargé de ratures. Je dois le recopier, au propre, à la machine. Pour gagner du temps, Geoffroy de Courcel m'en dicte des passages. Il emporte, au fur et à mesure, les feuillets dactylographiés pour les soumettre au Général. (…)


Ces mots vont constituer une page d'histoire. Je ne le sais pas encore. Pourtant j'ai l'obscur pressentiment de participer à un événement exceptionnel. (…) L'heure passe. Le temps presse. Il sera bientôt six heures du soir. Ma tâche est terminée. Le Général fait appeler un taxi pour se rendre à la BBC avec Courcel. Ils me déposent en chemin devant ma porte (…). Je monte préparer mon dîner. Pendant ce temps, des paroles irrévocables s'envolent vers la France.
Je n'ai pas entendu l'appel ce soir-là !"



La liberté souffre violence, Paris, Plon, 1981  

 


  

Winston Churchill

"De Gaulle emportait avec lui l'honneur de la France"

churchill_2.jpgWinston S. Churchill, Premier ministre de Grande-Bretagne

 

"Ce même matin, 17 juin, à Bordeaux, de Gaulle se rendit à l'aérodrome avec son ami Spears. Ils se serrèrent la main, se dirent au revoir, puis dès que l'appareil commença de rouler, de Gaulle sauta dedans et fit claquer la porte. L'avion s'enleva dans les airs, tandis que les policiers et les officiers restaient bouche bée. De Gaulle, dans ce petit avion, emportait avec lui l'honneur de la France.
Le même soir, il lança à la radio son célèbre appel au peuple français."


Mémoires sur la Deuxième guerre mondiale. L'heure tragique, mai - décembre 1940. La chute de la France, Paris, Plon, 1949 

 

 

Jean Marin, journaliste



Jean Marin, journaliste

"D'une voix forte, le Général dit : «La France»"

Jean Marin, journaliste français, fondateur à la BBC de l'émission "Les Français parlent aux Français". Présent le 18 juin 1940 dans les studios de la BBC, il a entendu l'Appel mais n'a pas croisé de Gaulle

"L'heure est venue pour le général de Gaulle de se rendre à la BBC. C'est la fin de l'après-midi. Le taxi, appelé par le lieutenant de Courcel, traverse, le long d'Oxford Street, une ville ensoleillée et très animée. Sur le seuil de Broadcasting House, le directeur de la BBC, Sir Stephen Talence, accueille le Général (…). Le groupe monte vers le studio 4C (…). Tandis que Sir Stephen Talence et le lieutenant de Courcel prennent place dans un petit salon d'où ils pourront entendre le Général, Elizabeth Barker fait entrer celui-ci dans le studio où il est accueilli par le speaker de permanence, un Anglais, Gibson Parker, impeccablement francophone. La lecture du bulletin de nouvelles est terminée, le Général s'approche de la table cannée sur laquelle est placé le micro, il ôte ses gants blancs et les pose dans le képi renversé. (…) Apparemment impassible, le Général s'assied. Gibson Parker lui demande un essai de voix. Après un fragment de seconde, d'une voix forte, le Général dit : " La France ". Gibson Parker lui fait signe. Le Général commence à dire son texte".


Petit bois pour un grand feu, mémoires, Paris

, Fayard, 1994

Geoffroy de Courcel, aide de camp du Général


 

"Il est difficile de décrire l'émotion que j'éprouvais en écoutant cet appel, dont je sentais bien qu'il était le début d'une grande entreprise"

courcel.pngGeoffroy de Courcel, aide de camp du général de Gaulle


Unique "compagnon" du premier jour, le lieutenant de Courcel futur ambassadeur à Londres, qui avait choisi de suivre celui dont il était depuis le 6 juin l'officier d'ordonnance, vécut avec lui les instants où le sort de la France tint aux actes et aux dires d'un seul homme. Voici son témoignage :

"Nous arrivâmes à Londres à midi, le 17, et, après un rapide déjeuner avec le Général Spears au Royal Automobile Club, le Général s'installa dans un studio de Seymour Place, qui lui avait été prêté par Jean Laurent, directeur civil de son cabinet.
L'après-midi, il rencontra aussitôt Churchill pour lui exposer ses intentions.
Le Général de Gaulle n'avait rencontré Churchill que trois ou quatre fois, mais les deux hommes s'étaient compris : ils avaient tous les deux la même vision de la guerre, et un certain romantisme de l'action. L'idée d'un appel diffusé par la B.B.C. fut immédiatement envisagée, mais le Général ne voulait pas faire appel à des volontaires tant que des troupes françaises continuaient à se battre en France. Nous ignorions encore que le maréchal Pétain avait déjà demandé l'armistice.
Le soir, alors que nous dînions avec Jean Monnet et René Pleven, le Général qui venait d'apprendre la demande d'armistice annonça son intention de lancer un appel le lendemain à la B.B.C. et en exposa les thèmes. Il expliqua longuement pourquoi Pétain avait formé le Gouvernement de l'armistice et comment celui-ci serait de plus en plus entraîné vers la trahison.
Il passa la majeure partie de la journée du 18 à rédiger son appel, écrivant, raturant, recommençant, s'interrompant de temps à autre pour fumer une cigarette ou pour exposer, pensant tout haut devant moi, comment il voyait l'avenir de la guerre après l'effondrement de la France et la décision britannique de poursuivre le combat.
J'avais réussi à joindre. dans l'une des missions françaises à Londres, une amie personnelle, Elisabeth de Miribel, qui vint taper le manuscrit de l'appel, d'un doigt, laborieusement.
En cet après-midi du 18. nous étions, elle et moi. le "cabinet" du Général... A 18 heures 30, le Général de Gaulle se rendit à Broadcasting House où l'attendaient le Directeur de la B.B.C. et le Général Spears. Une assistante, Mrs. Barker, le conduisit au studio, et nous l'écoutâmes, en direct, sur le récepteur du directeur.
Il est difficile de décrire l'émotion que j'éprouvais en écoutant cet appel, dont je sentais bien qu'il était le début d'une grande entreprise.
Quelques volontaires se présentèrent au petit appartement de Seymour Place dès le lendemain, peu nombreux, car ce premier appel n'avait pas été entendu par beaucoup.
Je me rappelle avoir ouvert moi-même la porte, le 19 juin, au premier d'entre eux. C'était un mécanicien d'Hispano-Suiza qui venait s'engager dans l'aviation. J'ai ouvert devant lui un modeste registre, où j'ai inscrit son nom et son adresse. J'ignore ce qu'il est devenu. Je ne sais seulement qu'il fut le premier d'une longue liste…
Ainsi s'ouvrit la période la plus exaltante de ma vie. J'étais jeune, j'avais la volonté de combattre, et j'avais trouvé auprès de ce général que je connaissais à peine une chance inespérée de répondre à ce désir en même temps que de surmonter l'immense désarroi que j'éprouvais devant les malheurs qui accablaient mon pays."


En ce temps là de Gaulle, 1971 

Edward Spears, officier de liaison

 

"Churchill (...) pensa aussi certainement que le simple fait d’une voix française, éloquente, appelant à la résistance, pouvait éveiller des échos inattendus"

Général Spears Major général Sir Edward Spears, agent de liaison personnel de Winston Churchill auprès du gouvernement français

"Le jour même de notre arrivée à Londres, je conduisis de Gaulle chez Churchill, au numéro 10 Downing Street. Une des premières choses qu'il lui demanda fut l'autorisation de parler à la France par la B.B.C., ce que le Premier ministre lui accorda sans un instant d'hésitation. Churchill obéit sans doute à l'impulsion généreuse de donner satisfaction à ce Français, fugitif et solitaire, qui demeurait fidèle à notre cause, mais il pensa aussi certainement que le simple fait d'une voix française, éloquente, appelant à la résistance, pouvait éveiller des échos inattendus ".


Deux hommes qui sauvèrent la France. Le général Pétain en 1917. Le général de Gaulle en 1940, Paris
, Presses de la Cité, 1966
 

 

 Patrick Smith, reporter à la BBC

http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/l-appel-du-18-juin/temoignages/patrick-smith.php

 

Elizabeth Barker, assistante à la BBC

Elizabeth Barker, assistante à la BBC

Elizabeth Barker, assistante à la BBC

http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/l-appel-du-18-juin/temoignages/elizabeth-barker.php


source :http://www.charles-de-gaulle.org/

 


 

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